Depuis qu’on a déménagé, tout ce que j’ai le droit de regarder à la télé, c’est le journal de 20 heures avec mes parents, juste après manger. Depuis qu’on a déménagé, on dîne comme des poules, et sans trop se parler. Dans la famille, maintenant, c’est un peu comme si on avait coupé le son, alors qu’avant, papa parlait tout le temps à maman et vice versa. Et moi, je mettais mon grain de sel dans leurs conversations : une histoire d’école par-ci, une blague par-là, et des questions à la pelle. Sandra nous regardait en babillant dans sa langue à elle. Maman s’interrompait souvent pour lui dire de petits mots tout doux, la gronder ou bien lui retirer quelque chose des mains histoire d’éviter que la journée finisse mal. Ça agaçait papa parce que du coup c’était impossible d’avoir une conversation avec maman — mais ça, c’était les soirs où il était trop fatigué par le boulot. Sinon, lui non plus n’hésitait pas à laisser tomber sa discussion de grand pour parler « aux p’tites ». Et les p’tites, c’était nous. Et la plus p’tite des deux, c’était Sandra.
Traduction intégrale en Géorgien par Nana Samchkuashvili