"À chaque fois que j’ai montré le plancher de Jeannot, j’ai vu les gens se taire et se figer, comme dans une cathédrale"...

(Dr Guy Roux)

Extrait :

Trente-trois ans, Jeannot. Les gens, c’est tout ce qu’ils ont retenu. Tu as été vite, comme du bois mort : le temps de mettre le feu au reste et puis qui disparaît avec tous ses secrets.

Moi, c’est que tu aies pu vivre si longtemps que je comprends pas. Avec tellement de monde faufilé sous ta peau et tout ce sable tassé dans ta tête. Trente-trois ans à trier les pièces du puzzle, à chercher l’angle droit du ciel, les bords plats des nuages. Trente-trois ans à te mordre le poing, la couronne des dents imprimée au dos de la main.

Tu étais tout juste revenu d’Algérie. Tu avais encore sur toi mille choses de là-bas : une manière d’avoir froid, une façon de pas vouloir regarder. Je me souviens à ton retour comme chaque nuit tu te réveillais.

(...)

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Sur la genèse du roman... (Revue Rendez-Vous n°2 à paraître en novembre 2015)
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